Bientôt des larmes coulent sous ses longues paupières, et elle murmure d’une voix faible : — Mylio !… Mylio !…
Karvel, avec stupeur. — Que dit-elle ?…
Aimery. — Le nom de votre frère !
Morise. — Quel étrange hasard !
Florette porte péniblement ses deux mains à son front ; il se fait un profond silence. Elle se dresse sur son séant : ses grands yeux timides et étonnés errent çà et là autour d’elle ; puis, rassemblant ses souvenirs, elle s’écrie d’une voix déchirante en fondant en larmes : — Oh ! de grâce, sauvez Mylio ! sauvez-le !
Karvel, alarmé. — Mon frère !… il court un danger ?
Florette, les mains jointes. — Vous êtes Karvel-le-Parfait ?
Karvel. — Oui, oui ; mais calmez-vous, pauvre enfant, et tâchez de me répondre. Où est mon frère ? Quel danger le menace ? Où l’avez-vous connu ? Où est-il ?
Florette. — Je suis une pauvre serve du pays de Touraine ; Mylio m’a sauvé la vie et l’honneur. Je l’ai aimé, il m’a dit : « — Florette, je retourne en Languedoc ! pendant le voyage, tu seras ma sœur ; en arrivant auprès de mon frère, tu seras ma femme… Je veux qu’il bénisse notre union. » — Mylio a tenu sa promesse ; nous arrivions le cœur joyeux, lorsqu’à quatre ou cinq lieues d’ici… (Les sanglots étouffent la voix de Florette.)
La dame de Lavaur, tout bas au Parfait. — Ah ! Karvel, j’en prends à témoin son touchant amour pour cette pauvre serve, le cœur de votre frère est resté bon, malgré l’égarement de sa jeunesse !
Karvel, essayant ses yeux. — Nous n’en avons jamais douté… Mais qu’est-il devenu ? mon Dieu !
Aimery. — Ma sœur, je vais visiter les environs de cette demeure, peut-être apprendrai-je quelque chose.
Aloys, vivement. — Mon oncle… Je vous accompagne, si ma mère le permet.
Karvel, à Aimery. — Attendez un moment encore, mon ami.