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CHANT


DE MYLIO-LE-TROUVÈRE


SUR


LA CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS[1]




Les voilà, prêtres en tête ! — Les voilà, les croisés catholiques ! — la rouge croix sur la poitrine, — le nom de Jésus aux lèvres, — la torche d’une main, — l’épée de l’autre ! — Les voilà dans notre doux pays de Languedoc ! — Les voilà, les croisés catholiques, — les voilà, prêtres en tête !

— Quel mal leur avons-nous donc fait, à ces prêtres ? Quel mal leur avons-nous jamais fait ?

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— De toutes les contrées de la Gaule — ils entrent dans l’Albigeois, les croisés catholiques. — À leur tête marchent le légat du pape et Reynier, abbé de Cîteaux. — Avec eux maint évêque et maint archevêque : — l’archevêque de Sens et celui de Reims ; — l’évêque de Cahors et celui de Limoges ; — l’évêque de Nevers et celui de Clermont ; — l’évêque d’Agde et celui d’Autun.

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— Nombreuse est la seigneurie, — Simon, comte de Montfort, la commande ; — puis viennent le duc de Narbonne et le comte de Saint-Paul, — le vicomte de Turenne et Adhémar de Poitiers, — Bertrand

  1. Ce chant fut composé par Mylio lors de l’invasion du Languedoc par les croisés catholiques. Laissant sa femme Florette auprès de Karvel et de Morise, Mylio allait chantant ce poème de cité en cité, tandis que Peau-d’Oie, accompagnant le trouvère, chantait à son tour : — La friture de l’abbé de Citeaux, — dont le refrain était : — Pouah ! pouah ! ces moines ! — ils puent la crasse, le rut et le sang !