Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/296

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Les femmes, les enfants sont pleurants dans les maisons ; — les croisés cernent la ville. — Voici l’abbé Reynier de Cîteaux ; — il s’avance, il parle. Écoutez-le ! « — Hérétiques de Chasseneuil, choisissez : la foi catholique ou la mort ! » — Va-t’en, moine ! — va-t’en, Romieu ! — va-t’en, Romipède ! — Nous préférons la mort à l’Église de Rome !

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— Va-t’en, moine ! nous préférons la mort à l’Église de Rome ! — Furieux, l’abbé Reynier s’en est allé vers les croisés, leur criant : « — Tue, brûle, pille, ravage !… — Que pas un des hérétiques de Chasseneuil n’échappe au feu et au glaive ! — Leurs biens sont aux catholiques ! — Tue, brûle, pille, ravage ! » — Les assaillants font rage et aussi les assiégés ! — Que de sang ! oh ! que de sang ! — Innombrables sont les assiégeants ! — peu nombreux les assiégés ! — Malheur ! ils sont vaincus ! Les remparts escaladés, — les prêtres entrent la croix en main : — Tue !… tue les hérétiques de Chasseneuil.

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— Tue !… tue les hérétiques de Chasseneuil ! — Les croisés ont tué, tué et encore tué : — les vieillards et les jeunes hommes, — les aïeules et les jeunes femmes, — les vierges et les petits enfants ! — le sang coulait par les rues de Chasseneuil ! — le sang coulait, rouge, fumant, — comme dans l’étal du boucher ! — Ils ont égorgé sept mille des nôtres à Chasseneuil, — les croisés catholiques !

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— Ils ont égorgé sept mille des nôtres à Chasseneuil ! — et puis, las de viol et de carnage, — ils ont pillé, tout pillé ! — En pillant, ils ont trouvé des femmes et des vieillards, — des enfants et des blessés, — réfugiés dans les caves, dans les greniers ! — Des potences