Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« — Va-t’en, évêque ! — Nous nous tuerions plutôt, nous, — nos femmes, nos enfants, — que de nous soumettre à l’Église de Rome ; » — m’a répondu à moi le peuple, — dit à Montfort l’évêque de Beziers, accourant de cette ville. — Hardi ! Montfort ! notre saint Père l’ordonne ! — Aux armes ! — Tue, brûle, pille, ravage ! — Que pas un hérétique n’échappe à la mort ! — Leurs biens sont à nous ! — Non, fussent-ils vingt mille, cent mille, — crie l’abbé de Cîteaux, — que pas une créature, non, pas une, — n’échappe au fer, à la corde ou au feu ! »

__

— Non ! que pas une créature n’échappe — au fer, à la corde ou au feu ! — a dit l’abbé de Cîteaux ; — Mais, — a répondu Monfort, — il est à Beziers des catholiques ? — comment au milieu du carnage les reconnaître ? « — Tuez toujours ! — s’est écrié le légat du pape — Tuez-les tous ! — le seigneur Dieu reconnaîtra bien ceux qui sont à lui ! »

__

— Tuez-les tous ! — s’est écrié le légat du pape ! — le seigneur Dieu reconnaîtra bien ceux qui sont à lui ! — Beziers est enlevé d’assaut. — Ils ont tout tué comme à Chasseneuil ; les croisés catholiques ! — D’abord sept mille femmes ou enfants — réfugiés dans l’église de Sainte-Madeleine, — et puis le carnage a continué deux jours durant. — Oui, deux jours durant, de l’aube au soir, — ce n’est pas trop pour égorger soixante-trois mille créatures de Dieu ; oui, soixante-trois mille, — c’est le nombre des hérétiques égorgés à Beziers.

__

— Soixante-trois mille, — c’est le nombre des hérétiques égorgés à Beziers. — Après le viol et la tuerie : le pillage, — après le pillage : l’incendie. — Le butin hors de la ville est charroyé ; — et