Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/302

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tu refuses, nous retournons à Carcassonne — nous ensevelir sous ses ruines ! ! »

« — Beau sire, ta vicomté tout entière m’appartient, — a répondu Montfort ; — le saint Père, aux soldats du Christ, a donné les biens des hérétiques. — Écris aux gens de la ville de renoncer à leur damnable hérésie, — sinon, demain, un nouvel assaut. — Et par le Dieu mort et ressuscité, — je le jure, tous les habitants seront livrés au glaive — comme ceux de Chasseneuil et de Beziers. »

— Adieu, Montfort, — a dit le vicomte, — l’Église de Rome nous fait horreur ; nous saurons mourir !

« — Non pas adieu, vicomte de Beziers ; toi, et ces échevins, vous êtes mes prisonniers, à moi Montfort, chef de cette sainte croisade. »

— Nous tes prisonniers, Montfort ? nous ici couverts par la trêve, — nous ici sur la foi de prêtre, du légat du pape ? — nous ici sur ta foi de chevalier ?

— Notre saint Père l’a dit : « — Nul n’est tenu de garder sa foi envers qui ne la garde point envers Dieu, » — a répondu l’abbé de Cîteaux. — Tu resteras donc notre prisonnier, vicomte de Beziers ! — À demain l’assaut ! — Hardi, Montfort ! — le saint Père l’ordonne ! — Tue, brûle, pille, que pas un hérétique de Carcassonne — n’échappe au fer, à la corde ou au feu !

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— Que pas un hérétique de Carcassonne — n’échappe au fer, à la corde ou au feu  ! — Le jeune vicomte et les consuls sont garrottés, — (le vicomte est mort depuis par le poison, — les consuls sont morts dans les supplices). — Dès l’aube, les clairons sonnent, — les croisés marchent aux murailles ; — personne ne garde ces murailles, personne ne les défend. — Les croisés abattent les palissades, comblent les fossés, enfoncent les portes de la ville. — Personne ne