Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/352

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gagner sa vie par son travail, chez maître Jean Belot le libraire, dont l’affection pour nous va toujours croissant.




Cette année 1229, le Languedoc, vaincu après près de vingt années de luttes héroïques, succombe sous le fer impitoyable des soldats de la foi, et sous le ténébreux et effrayant pouvoir de l’Inquisition. Une partie de ces riches provinces du midi de la Gaule, dont les communes et les franchises municipales ont été détruites, sont réunies à la couronne du roi des Français ; la haute Provence et Avignon sont abandonnés aux papes de Rome, qui ont aussi leur part dans cette sanglante curée. — Adieu, noble terre du Languedoc ! dernier refuge de l’indépendance gauloise, comme l’était autrefois l’Armorique… Adieu !… Ta liberté, pour un temps, s’est éclipsée sous la fumée des bûchers de l’inquisition ; mais un jour viendra, et tu le verras peut-être, mon fils Karvelaïk, un jour viendra où l’hérétique liberté reparaîtra plus radieuse que jamais, dans ce pays aujourd’hui écrasé sous le joug catholique.


fin des tenailles de fer.


Mon bien-aimé père Mylio-le-Trouvère est mort cette année 1246, le dernier jour du mois de novembre. Il a béni mon nouveau-né, Julyan. J’exerce toujours mon métier d’écrivain de livres dans la boutique du fils de Jean Belot, le libraire, ma vie s’écoule aussi paisible que possible en ces temps de troubles et de guerres continuelles. Le pape de Rome et le clergé poussent les peuples à une nouvelle croisade en Terre-Sainte, et le roi Louis IX, devenu majeur, se prépare à partir lui-même pour la Palestine, retombée au pouvoir des Turcs.




Moi, Karvelaïk-le-Brenn, fils de Mylio-le-Trouvère, je te lègue, à