— Hélas ! ma tante, je n’ai ni votre force ni votre courage… je tremble d’épouvante à l’idée des dangers qui menacent maître Marcel et… et… nos amis…
— Pauvre enfant ! tu penses à Mahiet, ton fiancé ?
— Ne le connaissez-vous pas ? S’il y a quelque tumulte, quelque bataille, il se jettera au plus fort du péril…
— Ah ! je regrette presque maintenant pour ton bonheur, pauvre enfant, de t’avoir autrefois appelée près de moi à Paris ; tu vivrais paisible dans cette petite ville de Vaucouleurs, éloignée du centre des troubles et de la guerre…
Agnès-la-Béguine rentra en cet instant, précédant de peu de moments la personne qu’elle annonçait, et dit précipitamment à Marguerite :
— Dame Maillart vient céans, afin de vous rendre, assure-t-elle, un grand service ; elle désire vous parler sur-le-champ.
— Je ne veux pas la voir ! — s’écria Marguerite avec impatience ; — cette femme m’est odieuse !
— Elle venait, disait-elle, madame, afin de vous rendre un grand service, — répondit la servante, regrettant d’avoir involontairement contrevenu aux désirs de sa maîtresse ; — je croyais bien agir en la faisant monter ; malheureusement, il est trop tard pour la congédier… la voici.
Pétronille Maillart parut en effet au seuil de la porte. Une haine triomphante, à peine contenue, se trahit dans le noir regard que la femme de l’échevin jeta d’abord sur Marguerite ; mais, prenant soudain un masque apitoyé, une voix doucereuse, elle s’approcha de Marguerite en lui disant d’un ton plaintif :
— Bonsoir, dame Marcel, bonsoir, pauvre chère dame Marcel !…
— Cette feinte pitié cache quelque odieuse perfidie, — pensa Denise, dont le visage était baigné de pleurs ; — je ne veux pas réjouir cette méchante femme de la vue de mes larmes.
La jeune fille sortit en même temps que la servante. Marguerite,