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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/241

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restée seule avec la femme de l’échevin, la toisant d’un regard glacial, lui dit sèchement :

— Je suis très-étonnée de vous voir ici ce soir, madame.

— Je comprends votre étonnement, pauvre dame Marcel ; car nous ne nous sommes pas revues depuis le jour de l’enterrement de Perrin Macé. Oh ! la popularité de maître Marcel était alors immense, on l’appelait le roi de Paris… l’on ne jurait que par lui… on le regardait comme le sauveur de la cité… on le…

— Madame, parlons, je vous prie, moins du passé, et davantage du présent… Que voulez-vous de moi ?

— Vous demander d’abord d’oublier la petite querelle que nous avons eue ici, vous et moi, le jour de l’enterrement de Perrin Macé ; puis rendre un grand service à ce pauvre… à cet infortuné maître Marcel…

— Je ne sache pas que mon mari ait besoin de la compassion de personne…

— Hélas ! que ne puis-je vous laisser dans cette douce erreur, dame Marguerite ! mais je suis obligée de vous dire la vérité, de vous apprendre, puisque vous l’ignorez, que vous n’êtes plus la reine de Paris comme au temps où maître Marcel en était le roi. Et, au risque de blesser votre innocent orgueil, j’ajouterai à regret, à grand regret, hélas ! que la position de votre mari est à cette heure désespérée… C’est désolant, apitoyant ! vous me voyez navrée du chagrin qui vous accable…

— Je crains, dame Pétronille, que votre excellent cœur ne s’alarme à tort…

— Hélas ! je suis malheureusement certaine de ce que je vous affirme.

— De vos affirmations je doute fort, madame.

— Infortunée ! Vous n’êtes donc pas instruite de ce qui se passe dans Paris ?