roïque, massacrés comme leur chef. Cette tuerie n’assouvit pas la rage de Maillart et du sire de Charny.
— À mort tous les ennemis du régent, notre sire ! — s’écrie ce chevalier. — Nous savons où ils gîtent ; courons à leurs demeures, nous les tuerons en leur lit !
— À mort ! — reprend Jean Maillart en brandissant sa hache, — à mort les partisans de Marcel !
— Montjoie au roi et au duc ! — répète la bande armée en poussant des hurlements féroces. — À mort les chaperons rouges et bleus !
— À mort ! que pas un n’échappe !…
— Amis ! — s’écria soudain le seigneur de Charny, — le corps du chevalier de Conflans, victime du parti populaire, a été exposé au val des Écoliers, que le corps de Marcel y soit exposé comme représailles !… Chargez-le sur vos épaules !
— Demain on placera ce cadavre sur la claie, on le traînera dans la boue jusqu’en face du Louvre, que notre bien-aimé sire le régent a dû quitter devant les menaces de Marcel, après quoi l’on jettera vite à la Seine la charogne de ce forcené, indigne d’une sépulture chrétienne !… — ajouta Jean Maillart. Puis il se dit, pensant à sa femme :
— Pétronille ne me reprochera plus d’être primé par le prévôt des marchands ; Pétronille ne sera plus rongée d’envie ; Pétronille n’entendra plus dire que dame Marguerite est la femme du Roi de Paris…
Les ordres du sire de Charny et de Maillart furent exécutés ; l’on chercha le cadavre du prévôt des marchands parmi les corps de ses amis, dont quelques-uns respiraient encore ; quatre hommes soulevèrent sur leurs épaules les restes défigurés du grand citoyen, et, à la lueur des torches, le sinistre cortège, brandissant ses armes, se dirigea vers le val des Écoliers en hurlant :
— À mort les partisans des gouverneurs !