Augustin. Le sire de Gaucourt se plaignit ce jour-là d’avoir été en un grand péril. » (Dép. de Simon Charles, maître des requêtes, t. III, p. 117.)
Les bonnes gens d’Orléans, bourgeois et artisans armés, ayant naturellement à cœur la prompte levée du siége de leur cité, prêtaient à Jeanne Darc un énergique concours. Ce fut toujours à la tête de ces vaillants soldats citoyens qu’elle accomplit les plus beaux faits d’armes de ce siége mémorable. Ainsi, nous lisons :
« Le samedy, septième jour de may, environ le soleil levant, par l’accord et consentement des bourgeois d’Orléans, mais contre l’opinion et la volonté de tous les chefs et capitaines qui estoient là de par le roy, la Pucelle se partit à tout effort et passa la Loire, pour assaillir les Tournelles ; et les bonnes gens d’Orléans lui baillèrent canons et couleuvrines pour cet assaut. » (Chronique de la Pucelle, vol. IV, p. 227.)
Non-seulement les contemporains signalent ce désaccord entre les citoyens de la ville et les chefs de guerre, mais les chroniqueurs sont très-explicites à l’endroit de l’envie et de la haine dont les capitaines poursuivaient Jeanne Darc :
« Jehane la Pucelle, contre l’opinion de tous les capitaines, chiefs de guerre et autres, fesoit souvent de belles entreprises sur les ennemis, dont toujours bien lui prenoit, etc., etc… De quoi les gens de guerre étoient courroucés et moult ébahis. » (Jean Chartier, t. IV, p. 59-60.)
Et puis qu’est-ce que c’était que Jeanne Darc ? une fille de labour ? Et cette vilaine prétendait commander à de nobles capitaines ! Citons toujours :
« Le lendemain de son arrivée à Orléans, la Pucelle voulut conduire les troupes au combat ; la plupart des chefs de guerre se récrièrent sur cette témérité ; une vive querelle s’émut dans le sein du conseil de guerre entre la Pucelle et le sire de Gamaches courroucé de voir une péronnelle de bas lieu commander à tant de gentilshommes ! » (Vie de Guillaume Gamaches, p. 76.)
Autre fait capital : le conseil royal de Charles VII était présidé par le sire Georges de la Trémouille ; il avait, ainsi que ses complices du conseil (vous les verrez à l’œuvre), un puissant intérêt à ce que la guerre contre les Anglais s’éternisât. De là les haines acharnées de ces courtisans contre Jeanne Darc, de là leurs constants efforts afin de traverser tous ses projets. Citons encore, citons toujours :
« Et par le moïen d’icelle, Jehanne la Pucelle, venoient tant de gens de toutes parts devers le roy pour le servir à leurs dépens que on disoit que ycellui de la Trimoïlle et autres du conseil du roy en estoient bien courrouchiez (courroucés) que tant y en venoient, et disoient plusieurs que si ledit sire de la Tremoïlle et