Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/110

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vient, de par Dieu, vous les réclamer au nom du roi Charles ; elle est prête à vous accorder la paix si vous voulez sortir de France.

» Roi d’Angleterre, si vous n’agissez point ainsi que je vous en prie, moi, Jeanne, chef de guerre, partout j’atteindrai vos gens, je les chasserai, qu’ils le veuillent ou non ; s’ils se rendent à merci, je les recevrai à miséricorde ; sinon, je leur causerai si grand dommage, que depuis mille ans, en France, on n’aura rien vu de pareil !

» Vous, archers et autres compagnons d’armes qui êtes devant Orléans, allez-vous-en, de par Dieu, en Angleterre, votre pays ; sinon, craignez Jeanne ; vous vous souviendrez de votre défaite !… Vous ne garderez pas la France ; elle sera au roi Charles, à qui Dieu l’a donnée !… »

Jeanne s’interrompt de dicter, et, s’adressant à l’évêque de Chartres, stupéfait de la mâle simplicité de la lettre qu’il était, à son grand dépit, obligé d’écrire :

— Messire, quels sont les noms des principaux capitaines d’Angleterre ?

l’évêque de chartres. — Le comte de Suffolk, le sire de Talbot et le chevalier Thomas d’Escall, lieutenants du duc de Bedford, régent pour le roi d’Angleterre.

jeanne. — Écrivez, messire.

Et elle achève ainsi la dictée de la lettre :

« Comte de Suffolk, sire de Talbot, chevalier Thomas d’Escall, vous tous lieutenants du duc de Bedford, se disant régent du royaume de France pour le roi d’Angleterre, faites réponse ! Voulez-vous lever le siége d’Orléans ? voulez-vous cesser les grandes cruautés dont vous accablez les pauvres gens du pays de France ? Si vous refusez la paix dont Jeanne vous requiert, vous garderez navrante mémoire de votre déroute ; l’on verra les plus beaux faits d’armes qui oncques furent accomplis en la chrétienté par les Français ! l’on verra qui aura raison de vous… ou du ciel !…