le chanoine loyseleur. — « Lorsque le roi quitta Crespy, il ordonna aux maréchaux de Boussac et de Retz de s’en aller sommer les habitants de Senlis de se rendre ; ils répondirent qu’ils se rendraient non pas au roi, mais à la Pucelle, qu’ils regardaient comme la sœur des anges. »
l’évêque cauchon, écrivant. — Sœur des anges !… allons, ces coquins auront aussi apporté leur fagot au bûcher !
le chanoine loyseleur. — « Le roi voulut, au grand chagrin de la Pucelle, séjourner à Senlis, au lieu de pousser en avant ; il semblait satisfait des succès obtenus jusque-là, ne rien désirer davantage. Son conseil fut de cet avis, la Pucelle prétendait au contraire qu’il suffirait au roi de se présenter devant Paris pour que cette cité ouvrît ses portes à son souverain. — Ne craignez rien, disait Jeanne au roi, je parlerai si doucement aux Parisiens qu’ils aimeront mieux redevenir Français que rester Anglais. »
l’évêque cauchon. — Quel démon d’orgueil que cette vachère… Elle ne doutait de rien… Oh ! elle le payera cher, son infernal orgueil !
le chanoine loyseleur. — « Le mardi 23 août, la Pucelle, nonobstant l’opposition du roi et de son conseil, partit de Compiègne avec le duc d’Alençon, y laissant le prince et le gros de l’armée. Le vendredi suivant, 26 août, la Pucelle entrait sans coup férir dans Saint-Denis, qui se déclara royaliste. À cette nouvelle, le roi, non sans hésitation, vint dans cette ville ; mais son conseil s’opposait plus opiniâtrement que jamais aux desseins de la Pucelle, qui assurait que, si elle était écoutée, elle rendrait les Parisiens au roi, de par Dieu… et sans verser une goutte de sang… »
l’évêque cauchon, avec emportement. — Exécrable hypocrite ! à l’entendre, elle est tout miel… et, à sa voix homicide, les Français sont devenus les bouchers des Anglais ! (Écrivant.) N’oublions pas de la signaler surtout comme un monstre altéré de carnage.
le chanoine loyseleur. — « Le duc de Bedford, apprenant la prise de Senlis et la marche de la Pucelle sur Paris, renforça la gar-