chacun, donna ses ordres en capitaine consommé ; mais les Anglais, effrayés de l’attitude de l’armée royale, n’osèrent engager le combat… quoique très-supérieurs en nombre… »
l’évêque cauchon, d’une voix sourde. — Oh ! il faudra bien, afin de sauver l’honneur de nos amis d’outre-mer, que leur lâcheté soit attribuée aux sorcelleries de la Jeanne !
le chanoine loyseleur. — « Le dimanche 14 août 1429, la Pucelle, le comte d’Alençon, le comte de Vendôme, et autres chefs de guerre, accompagnés de six à sept mille combattants, campèrent près Montépilloy, à deux lieues de Senlis ; le duc de Bedfort et huit à neuf mille Anglais défendaient les abords de Senlis, postés à une demi-lieue en avant de cette ville, ayant devant eux la petite rivière de la Nonette, et à droite un village nommé Notre-Dame de la Victoire. On escarmoucha des deux côtés ; à la nuit, chacun regagna son camp, au grand mécontentement de la Pucelle, qui, contrairement à l’avis des capitaines et du roi, voulait engager une action générale. Les Anglais profitèrent de cette lenteur pour se retrancher pendant la nuit à grand renfort de palissades et de fossés, se servant aussi de leurs charrois pour se couvrir, se sachant défendus sur leurs derrières par la rivière. Au point du jour, la Pucelle, malgré l’opposition des capitaines, marchant à la tête de quelques compagnies déterminées qui lui obéissaient toujours, se mit en devoir d’aller défier les Anglais jusqu’au pied de leurs retranchements ; mais elle apprit que, durant la nuit, ils avaient abandonné Senlis et se retiraient sur Paris… »
l’évêque cauchon. — Sorcellerie !… diablerie !…
le chanoine loyseleur. — « Le mercredi 17 août, l’on apporta au roi les clés de Compiègne ; le jeudi, il entra dans cette cité, aux acclamations du peuple, criant avec frénésie : Noël à Jeanne ! la fille de Dieu !… »
l’évêque, écrivant. — Fille de Dieu ! ! ! tu as des fanatiques bien imprudents, ma mie ! !