» — Pour qui cette couronne royale ? ce cheval ? cette armure ?
» — Oh ! que de sang ! il jaillit, il coule à torrents !… oh ! que je vois de sang ! que je vois de sang !
» — Il fume ! sa vapeur monte… monte somme un brouillard d’automne vers le ciel, où gronde la foudre, où luit l’éclair !
» — À travers ces foudres, ces éclairs, ce brouillard sanglant, je vois une vierge guerrière…
» — Elle bataille, elle bataille… et bataille encore, au milieu d’une forêt de lances ! elle semble chevaucher sur le dos des archers[1]…
» Le cheval de guerre aussi blanc que la neige était pour la vierge guerrière !… pour elle était l’armure de bataille aussi brillante que l’argent !…
» — Mais pour qui la couronne royale ?
» — La Gaule, perdue par une femme, sera sauvée par une vierge des marches de la Lorraine, d’un bois chesnu venue.
» — À la guerrière le cheval et l’armure ! Mais à qui la couronne royale ? L’ange aux ailes d’azur la tient entre ses mains.
» — Le sang a cessé de couler par torrents, la foudre de gronder, l’éclair de luire.
» — Je vois un ciel serein ; les bannières flottent, les
- ↑ « Descendet virgo dorsum sagittarii… Entre autres escriptures fut trouvée une prophétie de Merlin parlant en cette matière. » (Matthieu Thomassin, Registre delphinal, Ap. J. Quicherat, t. III, p. 15, no 2.)