Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/238

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LE PROCÈS DE JEANNE DARC.

Le tribunal ecclésiastique devant qui Jeanne Darc doit paraître est assemblé dans l’ancienne chapelle du vieux château de Rouen ; les voûtes, les murs, les piliers, sont noircis par le temps. Il est huit heures ; la pâle clarté de cette matinée de février, glaciale et brumeuse, pénètre dans la vaste nef par une seule fenêtre ogivale, pratiquée dans l’épaisse muraille derrière l’estrade où siègent les prêtres-juges, présidés par l’évêque Pierre Cauchon. À gauche du tribunal se trouve la table des greffiers, chargés de reproduire la minute de l’interrogatoire et des réponses de l’accusée ; en face de cette table, le siège de Pierre d’Estivet, promoteur du procès. Rien de plus sinistre que l’aspect de ces hommes ; ils ont, afin de se préserver du froid, endossé de longues robes fourrées dont le capuchon rabattu cache presque entièrement leur visage. Ils tournent le dos à l’unique fenêtre, qui jette dans la chapelle un jour blafard, et sont complètement dans l’ombre ; un reflet de lumière blanchâtre effleure la crête de leurs cagoules noires et glisse sur leurs épaules. L’évêque de Beauvais est revêtu de ses habits sacerdotaux.

Voici les noms des juges assistant à cette première séance ; ils ont de nombreux assesseurs chargés de les suppléer au besoin. Les prêtres de l’Université de Paris sont en partie réservés pour les autres audiences. Voici les noms de ces infâmes ; ne les oubliez jamais, fils de Joel, ces noms doivent être écrits dans la mémoire des hommes en lettres de sang :

Pierre de Longueville, abbé de la Sainte-Trinité de Fécamp ; — Jean Hulot de Chatillon, archidiacre d’Évreux ; — Jacques Gesdon, de l’ordre des Frères mineurs ; — Jean Lefèvre, moine augustin ;