par Dieu… Pour rien au monde je ne les renierai ou les révoquerai ; ce serait mentir.
l’évêque cauchon, d’un ton doucereux. — Mais, ma chère fille, si l’Église militante déclarait ces visions et apparitions choses illusoires, diaboliques, comment pourriez-vous refuser de vous soumettre à ce jugement ?
jeanne darc. — Je m’en rapporte à Dieu seul, qui m’a toujours inspirée ; je n’accepterai, je n’accepte le jugement d’aucun homme.
l’évêque cauchon, s’adressant au greffier. — Vous avez écrit cette réponse ?
le greffier. — Oui, monseigneur.
l’inquisiteur. — Ainsi, vous ne vous croyez pas sujette de l’Église militante ? à savoir : de notre saint-père le pape ? de vos seigneurs les cardinaux, les archevêques, les évêques, les…
jeanne darc, l’interrompant. — Je me reconnais leur sujette… Dieu le premier servi !…
Cette admirable réponse frappe d’abord de stupeur ces prêtres, et pendant un moment les déconcerte ; l’âme naïve et pure qu’ils croyaient enlacer dans le perfide et noir réseau de leurs subtilités théologiques leur échappait d’un coup d’aile en remontant vers Dieu, son Créateur !
l’évêque cauchon, reprenant le premier la parole, et d’un ton sévère. — Jeanne, vous nous répondez en Sarrasine, en idolâtre… vous vous exposez à un grand péril pour votre âme et pour votre corps.
jeanne darc. — Quoi qu’il doive m’arriver, je ne saurais répondre autrement.
un prêtre, durement. — En ce cas, vous mourrez apostate !
jeanne darc, avec un touchant orgueil. — J’ai reçu le baptême, je suis bonne chrétienne, je mourrai chrétienne !
l’évêque cauchon. — Désirez-vous, oui ou non, recevoir le corps du sauveur ?