apparu sous la figure de saint Michel, tu aurais bien su le discerner et le reconnaître.
» Jeanne, l’Église te déclare idolâtre, invocateresse de démons et coupable de jugement illicite… »
Jeanne Darc, qui, dans sa candeur, n’avait jamais soupçonné la cause matérielle de ses hallucinations, produites par la suppression de l’infirmité naturelle à son sexe, croyait rêver en écoutant cette accusation de sorcellerie et d’invocations démoniaques ! Sorcière ! parce qu’elle affirmait avoir vu ce qu’elle avait vu ! sorcière ! parce qu’elle affirmait avoir entendu ce qu’elle avait entendu ! sorcière ! invocateresse de démons ! parce que des visions lui étaient apparues, visions si peu désirées ou invoquées par elle, que d’abord, éperdue d’effroi, elle avait prié Dieu d’éloigner d’elle ces apparitions !
le chanoine maurice. — « Douzièmement, Jeanne, tu as dit que si l’Église voulait te faire avouer quelque chose de contraire aux inspirations que tu prétends avoir reçues de Dieu, tu t’y refuserais absolument, ne reconnaissant en cela ni le jugement de l’Église, ni d’aucun homme sur la terre ; tu as dit que cette réponse venait, non de toi, mais de Dieu, quoique l’on t’ait cité à plusieurs reprises l’article de foi : unam Ecclesiam catholicam, et que l’on t’ait démontré que tout catholique doit soumettre ses actes et ses paroles à l’Église militante.
» Jeanne, l’Église te déclare schismatique, ennemie de son unité et de son autorité ; elle te déclare de plus témérairement endurcie dans les faux errements de ta foi et criminellement apostate… Amen !… »
les prêtres-juges, d’une seule voix. — Amen !
Si Jeanne Darc, dans la loyauté, dans l’humilité habituelle de son âme, eût reconnu la réalité de quelqu’une des accusations dirigées contre ses actes et ses paroles, elle se fût inclinée devant le jugement de ces prêtres ; mais, après les avoir silencieusement écoutés, demeurant plus que jamais convaincue de leur iniquité, plus que jamais