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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/416

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Le garçon conduisit un des moutons jusqu’à la porte.

— Faut-il le passer à l’anneau, bourgeois ?

— L’attacher, tonnerre !… Et ces genoux-là !… Sois tranquille… je le serrerai là-dedans comme dans un étau… Donne-moi la bête, et retourne à la boutique.

Le garçon rentra.

Rodolphe resta seul avec le Chourineur ; il l’examinait avec attention, presque avec anxiété.

— Voyons, à l’ouvrage ! — lui dit-il.

— Et ça ne sera pas long, tonnerre !… Vous allez voir si je manie le couteau… Les mains me brûlent… Ça me bourdonne aux oreilles… Les tempes me battent comme quand j’allais y voir rouge… Avance ici, toi… eh ! Madelon, que je te chourine à mort !

Et, les yeux brillants d’un éclat sauvage, ne s’apercevant plus de la présence de Rodolphe, il souleva la brebis sans efforts, et d’un bond il l’emporta dans la tuerie avec une joie féroce…

On eût dit d’un loup se sauvant dans sa tanière avec sa proie…