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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/63

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— La mauvaise chienne de borgnesse ! — s’écria le Chourineur en frappant de nouveau sur la table avec colère ; — ça me fait un drôle d’effet de penser à cette enfant qui trotte après cette vieille voleuse, avec son pauvre petit pied tout saignant…

— Nous perchions dans un grenier de la rue de la Mortellerie ; à côté de la porte de l’allée, il y avait un rogomiste : la Chouette y entra en me tenant toujours par la main. Là, elle but une demi-chopine d’eau-de-vie sur le comptoir.

— Morbleu ! je ne la boirais pas, moi, sans être soûl comme une grive.

— C’était la ration de la borgnesse ; aussi elle se couchait toujours dans les bringues-zingues. C’est peut-être pour cela qu’elle me battait tant. Enfin, nous montons chez nous ; je n’étais pas à la noce, je t’en réponds. Nous arrivons : la Chouette ferme la porte à double tour ; je me jette à ses genoux en lui demandant bien pardon d’avoir mangé ses sucres d’orge. Elle ne me répond pas, et je l’entends marmotter en marchant dans la chambre : « Qu’est-ce donc que je vas lui faire ce soir, à cette Pégriotte, à cette voleuse de sucre