Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/313

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rêt et appui ; mais celui qui, malgré l’éloignement des gens de bien, reste honnête au milieu des plus abominables scélérats de la terre, celui-là aussi mérite intérêt et appui. »

Il n’est que trop vrai, la société ne veut plus de celui qu’elle a repoussé ; à lui l’isolement, et cependant il se repent ; peut-être effacerait-il au contact d’hommes probes, intègres, bons et purs, les dernières traces de ses souillures passées, mais il ne peut espérer d’arriver là, et comme il a besoin d’une compagnie, d’un ami, il va chercher l’une et l’autre dans la classe de ses pareils. Alors, dites-moi, si cet homme ne se corrompt pas de nouveau, s’il ne se rattache pas au crime, s’il reste pur dans la sentine boueuse où une première faute l’a poussé, mais d’où le remords aurait dû le retirer, car la honte finit là où le repentir et l’expiation commencent, dites-moi si M. Sue n’a pas raison d’avancer que cet homme mérite intérêt et appui.

Hélas ! que de pitié pourtant devraient inspirer certains criminels ! la misère étouffe les bons sentiments et fait surgir les mauvais instincts, et s’il est des jours où l’ouvrage manque, la faim ne manque jamais. « Avec deux cents francs devant lui, un ouvrier n’est jamais aux crochets de personne, jamais embarrassé… et c’est bien souvent l’embarras qui vous conseille mal. » Que de malheureux n’ont pas ces deux cents francs !

La Goualeuse, cette pauvre Fleur-de-Marie, dévoile une misère bien plus hideuse encore.

« Honnête ! mon Dieu ! et avec quoi donc veux-tu que je sois honnête ? Les habits que je porte appartiennent à l’ogresse ; je lui dois pour mon garni et pour ma nourriture… Je ne puis pas bouger d’ici…