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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/130

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fainéantise il n’y a pas loin, et de la fainéantise au vice il y a moins loin encore… Malheureusement, ceux-là qui, ni bons ni méchants, ne font ni bien ni mal, sont le plus grand nombre ; c’est donc ceux-là, a dit notre maître, qu’il faut améliorer, ni plus ni moins que s’ils avaient l’honneur d’être des chevaux, des bêtes à cornes ou à laine… Faisons qu’ils aient intérêt à être actifs, sages, laborieux, instruits et dévoués à leurs devoirs… prouvons-leur qu’en devenant meilleurs ils deviendront matériellement plus heureux… tout le monde y gagnera… Pour que les bons conseils leur profitent, donnons-leur ici-bas comme qui dirait un brin l’avant-goût du bonheur qui attend les justes là-haut…

Son plan bien arrêté, notre maître a fait savoir dans les environs, qu’il lui fallait six laboureurs et autant de femmes ou filles de ferme ; mais il voulait choisir ce monde-là parmi les meilleurs sujets du pays, d’après les renseignements qu’il ferait prendre chez les maires, chez les curés ou ailleurs. On devait être payé comme nous le sommes, c’est-à-dire comme des princes, nourri mieux que des bourgeois,