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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/282

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Rodolphe s’inclina, Clémence continua :

— À seize ans je perdis ma mère — dit-elle sans pouvoir retenir une larme ; — je ne vous dirai pas combien je l’adorais ; figurez-vous, monseigneur, l’idéal de la bonté sur la terre ; sa tendresse pour moi était extrême, elle y trouvait une consolation profonde à d’amers chagrins… Aimant peu le monde, d’une santé délicate, naturellement très-sédentaire, son plus grand plaisir avait été de se charger seule de mon instruction ; car ses connaissances solides, variées, lui permettaient de remplir mieux que personne la tâche qu’elle s’était imposée.

Jugez, monseigneur, de son étonnement, du mien, lorsque à seize ans, au moment où mon éducation était presque terminée, mon père, prétextant de la faiblesse de la santé de ma mère, nous annonça qu’une jeune veuve fort distinguée, que de grands malheurs rendaient très-intéressante, se chargerait d’achever ce que ma mère avait commencé… Ma mère se refusa d’abord au désir de mon père. Moi-même je le suppliai de ne pas mettre