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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/300

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parole d’affection dite à cette femme m’eût paru une lâcheté sacrilège.

— Mon Dieu, que cette existence dut vous être pénible… que j’étais loin de penser que vous eussiez déjà tant souffert lorsque j’avais le plaisir de vous voir davantage ! Jamais un mot de vous ne m’avait fait soupçonner…

— C’est qu’alors, monseigneur, je n’avais pas à m’excuser à vos yeux d’une faiblesse impardonnable… Si je vous parle si longuement de cette époque de ma vie, c’est pour vous faire comprendre dans quelle position j’étais lorsque je me suis mariée… et pourquoi, malgré un avertissement qui aurait dû m’éclairer, j’ai épousé M. d’Harville.

En arrivant aux Aubiers (c’est le nom de la terre de mon père), la première personne qui vint à notre rencontre fut madame Roland. Elle avait été s’établir dans cette terre le jour de la mort de ma mère. Malgré son air humble et doucereux, elle laissait déjà percer une joie triomphante mal dissimulée. Je n’oublierai jamais le regard à la fois ironique et méchant qu’elle me jeta lors de mon arrivée ;