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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/337

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— Mais enfin, vous fût-il étranger, ennemi, la vue de ses souffrances doit vous apitoyer : votre cœur est noble et généreux !

— Mais puis-je les calmer, ces souffrances ? Si encore ma voix était entendue, si un regard reconnaissant répondait à mon regard attendri !… Mais non… Oh ! vous ne savez pas, monseigneur, ce qu’il y a d’affreux dans ces crises où l’homme se débat dans une furie sauvage, ne voit rien, n’entend rien, ne sent rien, et ne sort de cette frénésie que pour tomber dans une sorte d’accablement farouche. Quand ma fille succombe à une de ces attaques, je ne puis que me désoler ; mon cœur se déchire, je baise en pleurant ces pauvres petits bras roidis par les convulsions qui la tuent… Mais c’est ma fille… c’est ma fille !… et quand je la vois souffrir ainsi, je maudis mille fois plus encore son père. Si les douleurs de mon enfant se calment, mon irritation contre mon mari se calme aussi ;… alors… oui… alors, je le plains, parce que je suis bonne, à mon aversion succède un sentiment de pitié douloureuse… Mais enfin, me suis-je mariée à dix-sept ans pour n’éprouver jamais que ces