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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/338

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alternatives de haine et de commisération pénible, pour pleurer sur un malheureux enfant que je ne conserverai peut-être pas ? Et à propos de ma fille, monseigneur, permettez-moi d’aller au-devant d’un reproche que je mérite sans doute, et que peut-être vous n’osez pas me faire. Elle est si intéressante qu’elle aurait dû suffire à occuper mon cœur, car je l’aime passionnément ; mais cette affection navrante est mêlée de tant d’amertumes présentes, de tant de craintes pour l’avenir, que ma tendresse pour ma fille se résout toujours par des larmes. Auprès d’elle mon cœur est continuellement brisé, torturé, désespéré ; car je suis impuissante à conjurer ses maux, que l’on dit incurables. Eh bien ! pour sortir de cette atmosphère accablante et sinistre… j’avais rêvé un attachement dans la douceur duquel je me serais réfugiée, reposée… Hélas ! je me suis abusée, indignement abusée, je l’avoue, et je retombe dans l’existence douloureuse que mon mari m’a faite. Dites, monseigneur, était-ce cette vie que j’avais le droit d’attendre ? Suis-je donc seule coupable des torts que M. d’Harville voulait ce matin me faire payer