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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/345

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aider à oublier le passé, et de vous prouver seulement que le choix des distractions de cœur est nombreux… Les moyens du bien et du mal sont souvent à peu près les mêmes… la fin seule diffère… En un mot… si le bien est aussi attrayant, aussi amusant que le mal, pourquoi préférer celui-ci ? Tenez, je vais faire une comparaison bien vulgaire. Pourquoi beaucoup de femmes prennent-elles pour amants des hommes qui ne valent pas leurs maris ?… Parce que le plus grand charme de l’amour est l’attrait affriandant du fruit défendu… Avouez que, si on retranchait de cet amour les craintes, les angoisses, les difficultés, les mystères, les dangers, il ne resterait rien, ou peu de chose, c’est-à-dire l’amant… dans sa simplicité première ; en un mot, ce serait toujours plus ou moins l’aventure de cet homme à qui l’on disait : — « Pourquoi n’épousez-vous donc pas cette veuve, votre maîtresse ? — Hélas ! j’y ai bien pensé — répondait-il — mais c’est qu’alors je ne saurais plus où aller passer mes soirées. »

— C’est un peu trop vrai, monseigneur — dit madame d’Harville en souriant.