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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/62

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m’étais pas couchée ; je m’approchai d’elle ; je regardais en pleurant sa figure d’ange ; et puis, en pensant qu’elle dormait dans la même chambre que moi… que moi, qu’on avait trouvée chez l’ogresse avec des voleurs et des assassins… je tremblais comme si j’avais commis une mauvaise action, j’avais de vagues frayeurs… Il me semblait que Dieu me punirait un jour… Je me couchai, j’eus des rêves affreux, je revis les figures sinistres que j’avais presque oubliées, le Chourineur, le Maître d’école, la Chouette, cette femme borgne qui m’avait torturée étant petite. Oh ! quelle nuit !… mon Dieu ! quelle nuit ! quels rêves ! — dit la Goualeuse en frémissant encore à ce souvenir.

— Pauvre Marie ! — reprit le curé avec émotion ; — que ne m’avez-vous fait plus tôt ces tristes confidences ! je vous aurais rassurée… Mais continuez.

— Je m’étais endormie bien tard ; mademoiselle Clara vint m’éveiller en m’embrassant. Pour vaincre ce qu’elle appelait ma froideur et me prouver son amitié, elle voulut me confier un secret : elle devait s’unir, lors-