Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/63

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qu’elle aurait dix-huit ans accomplis, au fils d’un fermier de Goussainville, qu’elle aimait tendrement ; le mariage était depuis long-temps arrêté entre les deux familles. Ensuite elle me raconta en peu de mots sa vie passée… vie simple, calme, heureuse : elle n’avait jamais quitté sa mère, elle ne la quitterait jamais ; car son fiancé devait partager l’exploitation de la ferme avec M. Dubreuil. « Maintenant, Marie — me dit-elle — vous me connaissez comme si vous étiez ma sœur ; racontez-moi donc votre vie… » À ces mots, je crus mourir de honte… je rougis, je balbutiai. J’ignorais ce que madame Georges avait dit de moi ; je craignais de la démentir. Je répondis vaguement qu’orpheline et élevée par des personnes sévères, je n’avais pas été très-heureuse pendant mon enfance, et que mon bonheur datait de mon séjour auprès de madame Georges. Alors, Clara, bien plus par intérêt que par curiosité, me demanda où j’avais été élevée : était-ce à la ville, ou à la campagne ? comment se nommait mon père ? Elle me demanda surtout si je me rappelais d’avoir vu ma mère. Chacune de ces questions m’embar-