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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/64

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rassait autant qu’elle me peinait ; car il me fallait y répondre par des mensonges, et vous m’avez appris, mon père, combien il est mal de mentir… Mais Clara n’imagina pas que je pouvais la tromper. Attribuant l’hésitation de mes réponses au chagrin que me causaient les tristes souvenirs de mon enfance, Clara me crut, me plaignit avec une bonté qui me navra. Ô mon père ! vous ne saurez jamais ce que j’ai souffert dans ce premier entretien ! combien il me coûtait de ne pas dire une parole qui ne fût hypocrite et fausse !…

— Infortunée ! que la colère de Dieu s’appesantisse sur ceux qui, en vous jetant dans une abominable voie de perdition, vous forceront peut-être de subir toute votre vie les inexorables conséquences d’une première faute !

— Oh ! oui, ceux-là ont été bien méchants, mon père — reprit amèrement Fleur-de-Marie — car ma honte est ineffaçable. Ce n’est pas tout : à mesure que Clara me parlait du bonheur qui l’attendait, de son mariage, de sa douce vie de famille, je ne pouvais m’empêcher de comparer mon sort au sien ; car,