Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/65

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malgré les bontés dont on me comble, mon sort sera toujours misérable ; vous et madame Georges, en me faisant comprendre la vertu, vous m’avez fait aussi comprendre la profondeur de mon abjection passée ; rien ne pourra m’empêcher d’avoir été le rebut de ce qu’il y a de plus vil au monde. Hélas ! puisque la connaissance du bien et du mal devait m’être si funeste, que ne me laissait-on à mon malheureux sort !

— Oh ! Marie ! Marie !…

— N’est-ce pas, mon père… ce que je dis est bien mal ? Hélas ! voilà ce que je n’osais vous avouer… Oui, quelquefois je suis assez ingrate pour méconnaître les bontés dont on me comble, pour me dire : Si l’on ne m’eût pas arrachée à l’infamie, eh bien ! la misère, les coups m’eussent tuée bien vite ; au moins je serais morte dans l’ignorance d’une pureté que je regretterai toujours.

— Hélas ! Marie, cela est fatal ! une nature, même généreusement douée par le Créateur, n’eût-elle été plongée qu’un jour dans la fange dont on vous a tirée, en garde un stigmate