Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/154

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vous depuis dix-huit mois, monsieur, et dont jusqu’à présent vous m’avez fait parvenir les intérêts par son entremise — lui dis-je, ne comprenant pas sa question.

» Le notaire haussa les épaules, sourit de pitié comme si mes paroles n’eussent pas été sérieuses, et me répondit que, loin de placer de l’argent chez lui, mon frère lui avait emprunté deux mille francs.

» Il m’est impossible de vous exprimer mon épouvante à cette réponse.

» — Mais alors qu’est devenue cette somme ? — m’écriai-je. — Ma fille et moi, nous n’avons pas d’autre ressource ; si elle nous est enlevée, il ne nous reste rien que la misère la plus profonde. Que deviendrons-nous ?

» — Je n’en sais rien — répondit froidement le notaire. — Il est probable que votre frère, au lieu de placer cette somme chez moi, comme il vous l’a dit, l’aura mangée dans les spéculations malheureuses auxquelles il s’adonnait à l’insu de tout le monde.

» — C’est faux, c’est infâme, monsieur ! — m’écriai-je. — Mon frère était la loyauté même. Loin de me dépouiller, moi et ma fille, il se