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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/112

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— Cela est étrange !… Et elle s’exprime ?…

— En très-bons termes, madame ; son maintien est timide, respectueux, mais sans bassesse ; je dirai plus : malgré la douceur extrême de sa voix et de son regard, il y a parfois dans son accent, dans son attitude, une sorte de tristesse fière qui me confond. Si elle n’appartenait pas à la malheureuse classe dont elle fait partie, je croirais presque que cette fierté annonce une âme qui a la conscience de son élévation.

— Mais c’est tout un roman ! — s’écria Clémence intéressée au dernier point, et trouvant, ainsi que le lui avait dit Rodolphe, que rien n’était souvent plus amusant à faire que le bien. — Et quels sont ses rapports avec les autres prisonnières ? Si elle est douée de l’élévation d’âme que vous lui supposez, elle doit bien souffrir au milieu de ses misérables compagnes !

— Mon Dieu, madame la marquise, pour moi qui observe par état et par habitude, tout dans cette jeune fille est un sujet d’étonnement. À peine ici depuis trois jours, elle pos-