Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/113

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sède déjà une sorte d’influence sur les autres détenues.

— En si peu de temps ?

— Elles éprouvent pour elle non-seulement de l’intérêt, mais presque du respect.

— Comment ! ces malheureuses…

— Ont quelquefois un instinct d’une singulière délicatesse pour reconnaître, deviner même les nobles qualités des autres. Seulement, elles haïssent souvent les personnes dont elles sont obligées d’admettre la supériorité.

— Et elles ne haïssent pas cette pauvre jeune fille ?

— Bien loin de là, madame : aucune d’elles ne la connaissait avant son entrée ici. Elles ont été d’abord frappées de sa beauté ; ses traits, bien que d’une pureté rare, sont pour ainsi dire voilés par une pâleur touchante et maladive ; ce mélancolique et doux visage leur a d’abord inspiré plus d’intérêt que de jalousie. Ensuite elle est très-silencieuse, autre sujet d’étonnement pour ces créatures qui, pour la plupart, tâchent toujours de s’étourdir à force de bruit, de paroles et de mouvements.