est enceinte, elle en a plus besoin que vous » — répondit la jeune fille. La Louve néanmoins arracha le pain des mains de Mont-Saint-Jean, et commença de vociférer en agitant son couteau. Comme elle est très-méchante et très-redoutée, personne n’osa prendre le parti de la pauvre Goualeuse, quoique toutes les détenues lui donnassent raison intérieurement.
— Comment dites-vous ce nom, madame ?
— La Goualeuse… c’est le nom ou plutôt le surnom sous lequel a été écrouée ici ma protégée, et qui, je l’espère, sera bientôt la vôtre, madame la marquise… Presque toutes ont ainsi des noms d’emprunt.
— Celui-ci est singulier…
— Il signifie, dans leur hideux langage, la chanteuse ; car cette jeune fille a, dit-on, une très-jolie voix ; je le crois sans peine, car son accent est enchanteur…
— Et comment a-t-elle échappé à cette vilaine Louve ?
— Rendue plus furieuse encore par le sang-froid de la Goualeuse, elle courut à elle l’injure à la bouche, son couteau levé ; toutes les