Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tées, hardies, me semblaient complètement changées lorsque le sommeil dépouillait leurs traits de toute exagération de cynisme ; car le vice, hélas ! a son orgueil. Oh ! madame, que de tristes révélations sur ces visages alors abattus, mornes et sombres ! que de tressaillements ! que de soupirs douloureux involontairement arrachés par quelque rêve empreint sans doute d’une inexorable réalité !… Je vous parlais tout à l’heure, madame, de cette fille surnommée la Louve, créature indomptée, indomptable. Il y a quinze jours environ, elle m’injuria brutalement devant toutes les détenues ; je haussai les épaules ; mon indifférence exaspéra sa rage… Alors, pour me blesser sûrement, elle s’imagina de me dire je ne sais quelles ignobles injures sur ma mère… qu’elle avait souvent vue venir me visiter ici…

— Ah ! quelle horreur !…

— Je l’avoue, toute stupide qu’était cette attaque, elle me fit mal… La Louve s’en aperçut, et triompha. Ce soir-là, vers minuit, j’allai faire inspection dans les dortoirs ; j’arrivai près du lit de la Louve, qui ne devait être mise en cellule que le lendemain matin ;