on a un homme, c’est pour être comme son homme.
— Et vos parents, la Louve, où sont-ils ?
— Est-ce que je sais, moi !…
— Il y a long-temps que vous ne les avez vus ?
— Je ne sais seulement pas s’ils sont morts ou en vie.
— Ils étaient donc méchants pour vous ?
— Ni bons ni méchants : j’avais, je crois bien, onze ans quand ma mère s’en est allée d’un côté avec un soldat. Mon père, qui était journalier, a amené dans notre grenier une maîtresse à lui, avec deux garçons qu’elle avait, un de six ans, et un de mon âge. Elle était marchande de pommes à la brouette. Ça n’a pas été trop mal dans les commencements ; mais ensuite, pendant qu’elle était à sa charretée, il venait chez nous une écaillère avec qui mon père faisait des traits à l’autre… qui l’a su. Depuis ce temps-là, il y avait presque tous les soirs à la maison des batteries si enragées que ça nous en donnait la petite mort, à moi et aux deux garçons avec qui je couchais ; car notre logement n’avait qu’une pièce, et nous avions