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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/199

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— Dans les bois où mûrissent les fraises, où fleurissent les violettes… il n’y a qu’à regarder et à ramasser, madame Martial… Mais parlons ménage… voici la nuit, il faut traire vos laitières, préparer le souper sous le berceau de vigne ; car vous entendez aboyer les chiens de votre mari, et bientôt la voix de leur maître, qui, tout harassé qu’il est, rentre en chantant… Et comment n’avoir pas envie de chanter quand, par une belle soirée d’été, le cœur satisfait, on regarde la maison où vous attendent une bonne femme et deux enfants ?… N’est-ce pas, madame Martial ?

— C’est vrai, on ne peut faire autrement que de chanter — dit la Louve, devenant de plus en plus songeuse.

— À moins qu’on ne pleure d’attendrissement — reprit Fleur-de-Marie, émue elle-même. — Et ces larmes-là sont aussi douces que des chansons… Et puis, quand la nuit est venue tout à fait, quel bonheur de rester sous la tonnelle à jouir de la sérénité d’une belle soirée… à respirer l’odeur de la forêt… à écouter babiller ses enfants… à regarder les étoiles… Alors, le cœur est si plein, si plein…