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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/200

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qu’il faut qu’il déborde par la prière… Comment ne pas remercier celui à qui l’on doit la fraîcheur du soir, la senteur des bois, la douce clarté du ciel étoilé ?… Après ce remercîment ou cette prière, on va dormir paisiblement jusqu’au lendemain, et on remercie encore le Créateur… car cette vie pauvre, laborieuse, mais calme et honnête, est celle de tous les jours…

— De tous les jours !… — répéta la Louve, la tête baissée sur sa poitrine, le regard fixe, le sein oppressé — car c’est vrai, le bon Dieu est bon de nous donner de quoi vivre si heureux avec si peu…

— Eh bien, dites maintenant — reprit doucement Fleur-de-Marie — dites, ne devrait-il pas être béni comme Dieu celui qui vous donnerait cette vie paisible et laborieuse, au lieu de la vie misérable que vous menez dans la boue des rues de Paris ?…

Ce mot de Paris rappela brusquement la Louve à la réalité…

Il venait de se passer dans l’âme de cette créature un phénomène étrange.

Peinture naïve d’une condition humble et