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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/203

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verser ainsi ?… Tu ne sais pas ce que tu as fait, malheureuse ! Maintenant, malgré moi, je vais toujours penser à cette forêt, à cette maison, à ces enfants, à tout ce bonheur que je n’aurai jamais… jamais !… Et si je ne peux pas oublier ce que tu viens de dire, moi, ma vie va donc être un supplice, un enfer… et cela, par ta faute… oui, par ta faute !…

— Tant mieux ! oh ! tant mieux ! — dit Fleur-de-Marie.

— Tu dis tant mieux ? — s’écria la Louve, les yeux menaçants.

— Oui… tant mieux ; car si votre misérable vie d’à présent vous paraît un enfer, vous préférerez celle dont je vous ai parlé.

— Et à quoi bon la préférer, puisqu’elle n’est pas faite pour moi ? à quoi bon regretter d’être une fille des rues, puisque je dois mourir fille des rues ? — s’écria la Louve de plus en plus irritée, en saisissant dans sa forte main le petit poignet de Fleur-de-Marie. — Réponds… réponds !… Pourquoi es-tu venue me faire désirer ce que je ne peux pas avoir ?

— Désirer une vie honnête et laborieuse, c’est être digne de cette vie, je vous l’ai dit —