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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/238

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rez-vous pas bien heureuse ? Votre repentir n’aura-t-il pas effacé le passé ?

— Est-ce que le passé s’efface ? Est-ce que le passé s’oublie ? Est-ce que le repentir tue la mémoire, madame ? — s’écria Fleur-de-Marie d’un ton si désespéré que Clémence tressaillit.

— Mais toutes les fautes se rachètent, malheureuse enfant !

— Et le souvenir de la souillure… madame, ne devient-il pas de plus en plus terrible, à mesure que l’âme s’épure, à mesure que l’esprit s’élève ? Hélas ! plus vous montez, plus l’abîme dont vous sortez vous paraît profond.

— Ainsi, vous renoncez à tout espoir de réhabilitation, de pardon ?

— De la part des autres… non, madame ; vos bontés prouvent que l’indulgence ne manque jamais aux remords.

— Vous serez donc la seule impitoyable envers vous ?

— Les autres pourront ignorer, pardonner, oublier ce que j’ai été… Moi, madame, je ne pourrai jamais l’oublier…

— Et quelquefois vous désirez mourir ?