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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/296

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Rigolette travaillait assise à côté de la croisée, le doux clair-obscur de son charmant profil se détachait alors sur la transparence lumineuse de la vitre comme un camée d’une blancheur rosée sur un fond vermeil.

De brillants reflets couraient sur sa noire chevelure, tordue derrière sa tête, et nuançaient d’une chaude couleur d’ambre l’ivoire de ses petites mains laborieuses, qui maniaient l’aiguille avec une incomparable agilité.

Les longs plis de sa robe brune, sur laquelle tranchait la dentelure d’un tablier vert, cachaient à demi son fauteuil de paille ; ses deux jolis pieds, toujours parfaitement chaussés, s’appuyaient au rebord d’un tabouret placé devant elle.

Ainsi qu’un grand seigneur s’amuse quelquefois par caprice à cacher les murs d’une chaumière sous d’éblouissantes draperies, un moment le soleil couchant illumina cette chambrette de mille feux chatoyants, moira de reflets dorés les rideaux de perse grise et verte, fit étinceler le poli des meubles de noyer, miroiter le carrelage du sol comme du cuivre