Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Mon ouvrage fini, j’ouvris le tiroir pour l’y serrer ; machinalement mes yeux s’arrêtèrent sur une lettre déployée où je lus le nom de Jérôme Morel, le lapidaire.

» Je l’avoue, voyant qu’il s’agissait de cet infortuné, j’eus l’indiscrétion de lire cette lettre ; j’appris ainsi que l’artisan devait être le lendemain arrêté pour une lettre de change de mille trois cent francs, à la poursuite de M. Ferrand, qui, sous un nom supposé, le faisait emprisonner.

» Cet avis était de l’agent d’affaires de mon patron. Je connaissais assez la situation de la famille Morel pour savoir quel horrible coup lui porterait l’incarcération de son seul soutien… Je fus aussi désolé qu’indigné. Malheureusement je vis dans le même tiroir une boîte ouverte, renfermant de l’or ; elle contenait deux mille francs… À ce moment, j’entendis Louise monter l’escalier ; sans réfléchir à la gravité de mon action, profitant de l’occasion que le hasard m’offrait, je pris mille trois cents francs. J’attendis Louise au passage, je lui mis l’argent dans la main, et lui dis : « On doit arrêter votre père demain au point du jour