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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/328

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dolphe !… Mon chez-moi me rendait si heureuse ; je m’étais arrangé une petite vie si tranquille, que je n’aurais jamais cru possible d’avoir un chagrin… et vous voyez pourtant !… Non, je ne peux pas vous dire le coup que le malheur de Germain m’a porté. J’ai vu les Morel et d’autres encore bien à plaindre, c’est vrai ; mais enfin la misère est la misère ; entre pauvres gens on s’y attend, ça ne surprend pas, et l’on s’entr’aide comme on peut. Aujourd’hui c’est l’un, demain c’est l’autre. Quant à soi, avec du courage et de la gaieté, on se tire d’affaire. Mais voir un pauvre jeune homme, honnête et bon, qui a été votre ami pendant long-temps, le voir accusé de vol et emprisonné pêle-mêle avec des scélérats !… ah ! dame, monsieur Rodolphe, vrai, je suis sans force contre ça, c’est un malheur auquel je n’avais jamais pensé, ça me bouleverse…

Et les grands yeux de Rigolette se voilèrent de larmes.

— Courage ! courage ! votre gaieté reviendra quand votre ami sera acquitté…

— Oh ! il faudra bien qu’il soit acquitté… Il n’y aura qu’à lire aux juges la lettre qu’il