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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/42

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Clémence éprouva une sorte de satisfaction en entendant Rodolphe s’exprimer ainsi.

— Oh ! je conçois alors — s’écria-t-elle — que vous regrettiez doublement votre fille !

— Je l’aurais tant aimée !… Et puis il me semble que chez nous autres princes il y a toujours dans notre amour pour un fils une sorte d’intérêt de race et de nom, d’arrière-pensée politique… Mais une fille ! une fille ! on l’aime pour elle seule… Par cela même que l’on a vu, hélas ! l’humanité sous ses faces les plus sinistres, quelles délices de se reposer dans la contemplation d’une âme candide et pure ! de respirer son parfum virginal, d’épier avec une tendresse inquiète ses tressaillements ingénus !… La mère la plus folle, la plus fière de sa fille n’éprouve pas ces ravissements ; elle lui est trop pareille pour l’apprécier, pour goûter ces douceurs ineffables… elle appréciera bien davantage les mâles qualités d’un fils vaillant et hardi. Car enfin ne trouvez-vous pas que ce qui rend encore plus touchant peut-être l’amour d’une mère pour son fils, l’amour d’un père pour sa fille, c’est que dans