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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/44

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ne vous l’aurais pas dit sans la nature de notre entretien, qui a réveillé en moi des souvenirs douloureux… C’est une faiblesse, mais je ne puis entendre parler d’une jeune fille sans songer à celle que j’ai perdue…

— Ces préoccupations sont si naturelles ! Tenez, monseigneur, depuis que je vous ai vu, j’ai accompagné dans ses visites aux prisons une femme de mes amies qui est patronnesse de l’œuvre des jeunes détenues de Saint-Lazare ; cette maison renferme des créatures bien coupables. Si je n’avais pas été mère, je les aurais jugées, sans doute, avec encore plus de sévérité… tandis que je ressens pour elles une pitié douloureuse en songeant que peut-être elles n’eussent pas été perdues sans l’abandon et la misère où on les a laissées depuis leur enfance… Je ne sais pourquoi, après ces pensées, il me semble aimer ma fille davantage encore…

— Allons, courage — dit Rodolphe avec un sourire mélancolique. — Cet entretien me laisse rassuré sur vous… Une voie salutaire vous est ouverte ; en la suivant, vous traverserez, sans faillir, ces années d’épreuves si dangereuses pour les femmes, et surtout pour