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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/52

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laissé aucune illusion… Oh ! c’est affreux… affreux !…

Et de quel droit lui a-t-elle confié ce hideux secret ? cela est une trahison indigne !… De quel droit ? Hélas, du droit que les victimes ont de se plaindre de leur bourreau… Pauvre enfant… si jeune, si aimante, tout ce qu’elle a trouvé de plus cruel à dire contre l’horrible existence que je lui ai faite… c’est que tel n’était pas le sort qu’elle avait rêvé… et qu’elle était bien jeune pour renoncer à l’amour !… Je connais Clémence… cette parole qu’elle m’a donnée, qu’elle a donnée au prince, elle la tiendra désormais : elle sera pour moi la plus tendre des sœurs… Eh bien !… ma position n’est-elle pas encore digne d’envie ?… aux rapports froids et contraints qui existaient entre nous vont succéder des relations affectueuses et douces… tandis qu’elle aurait pu me traiter toujours avec un mépris glacial, sans qu’il me fût possible de me plaindre.

Allons… je me consolerai en jouissant de ce qu’elle m’offre… Ne serai-je pas encore trop heureux ? Trop heureux ! oh ! que je suis faible ! que je suis lâche ! N’est-ce pas ma