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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/360

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travaillais à ma tâche comme frangeuse, tant que je pouvais ; les voisines m’aidaient un peu, gardaient mes enfants pendant que j’étais sortie ; et puis moi, qui n’ai pas toujours la chance, j’ai eu du bonheur une fois dans ma vie, mais ça ne m’a pas profité, à cause de mon mari…

— Pourquoi donc cela ?

— Mon passementier avait parlé de ma peine à une de ses pratiques, lui apprenant comment mon mari m’avait laissée sans rien, après avoir vendu notre ménage, et que malgré ça je travaillais de toutes mes forces pour élever mes enfants ; un jour, en rentrant, qu’est-ce que je trouve ? mon ménage remonté à neuf, un bon lit, des meubles, du linge ; c’était une charité de la pratique de mon passementier.

— Brave pratique !… Pauvre sœur !… Pourquoi diable aussi ne m’as-tu pas écrit pour m’apprendre ta gêne ? Au lieu de dépenser ma masse, je t’aurais envoyé de l’argent !

— Moi libre, te demander, à toi prisonnier…

— Justement ; j’étais nourri, chauffé, logé