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Page:Sue - Les mystères de Paris, 7è série, 1843.djvu/361

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aux frais du gouvernement ; ce que je gagnais était tout bénéfice : sachant le beau-frère bon ouvrier et toi bonne ouvrière et ménagère, j’étais tranquille, et j’ai fricassé ma masse, les yeux fermés et la bouche ouverte.

— Mon mari était bon ouvrier, c’est vrai, mais il s’est dérangé ; enfin, grâce à ce secours inattendu, j’ai repris bon courage : ma fille aînée commençait à gagner quelque chose ; nous étions heureux, sans le chagrin de te savoir à Melun. L’ouvrage allait, mes enfants étaient proprement habillés, ils ne manquaient à peu près de rien, ça me donnait un cœur… un cœur !… enfin j’étais presque parvenue à mettre trente-cinq francs de côté, lorsque tout à coup mon mari revient. Je ne l’avais pas vu depuis un an ; me trouvant bien emménagée, bien nippée, il n’en fait ni une ni deux, il me prend mon argent, s’installe chez nous sans travailler, se grise tous les jours, et me bat quand je me plains.

— Le gueux !

— Ce n’est pas tout, il avait logé dans un cabinet de notre logement une mauvaise femme avec laquelle il vivait ; il fallait encore