Page:Sue - Les mystères de Paris, 8è série, 1843.djvu/255

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— Non.

— Alors je vous dirai tout uniment qu’une fois loin de M. Rodolphe, j’étais inquiet, abruti, effaré, comme un chien qui aurait perdu son maître… C’était bête, mais les chiens aussi sont bêtes, ce qui ne les empêche pas d’être attachés et de se souvenir au moins autant des bons morceaux que des coups de bâton qu’on leur donne ; et M. Rodolphe m’avait donné mieux que des bons morceaux, car, voyez-vous, pour moi M. Rodolphe c’est tout. D’un méchant vaurien, brutal, sauvage et tapageur, il a fait une espèce d’honnête homme, en me disant seulement deux mots… Mais ces deux mots-là, voyez-vous, c’est comme de la magie…

— Et ces mots, quels sont-ils ? Que vous a-t-il dit ?

— Il m’a dit que j’avais encore du cœur et de l’honneur, quoique j’aie été au bagne, non pour avoir volé… c’est vrai… oh ! ça jamais… mais pour ce qui est pis… peut-être… pour avoir tué… Oui — dit le Chourineur d’une voix sombre — oui, tué, dans un moment de colère… parce que, autrefois élevé comme une