Page:Sue - Les mystères de Paris, 9è série, 1843.djvu/328

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— Courage, ma fille… nous montrerons que des femmes ont plus de cœur que ces hommes… avec leurs prêtres… Les lâches !…

— Le commandant Leblond était le plus brave officier du 3e chasseurs à pied… Je l’ai vu, criblé de blessures à la brèche de Saragosse… mourir en faisant le signe de la croix… — dit le vétéran.

— Vous étiez donc son sacristain ? — lui demanda la veuve en poussant un éclat de rire sauvage.

— J’étais son soldat… — répondit doucement le vétéran. — C’était seulement pour vous dire qu’on peut, au moment de mourir… prier sans être lâche…

Calebasse regarda attentivement cet homme au visage basané, type parfait et populaire du soldat de l’empire ; une profonde cicatrice sillonnait sa joue gauche et se perdait dans sa large moustache grise. Les simples paroles de ce vétéran, dont les traits, les blessures et le ruban rouge semblaient annoncer la bravoure calme et éprouvée par les